Bâti ancien, une question de spécialiste

Nous avons trop longtemps vu le bâti ancien être traité de la même manière que nos maisons contemporaines en parpaing de ciment. Nos parents, et leurs parents avant eux, les ont allègrement tartiné de béton, que ce soit sur les murs, au sol et parfois même à l’étage avec de bien lourds planchers en béton. Le ciment a été, à l’après guerre, LA solution pour reconstruire le pays rapidement, les chaufourniers se sont pour la plupart convertis au ciment, ou ont mis la clé sous la porte. Les fours à chaux des villages se sont éteint à tout jamais, après des millénaires d’utilisation traditionnelle. Enfin la plupart des compagnons qui détenaient les savoir-faire de la construction traditionnelle ont péri à la première guerre mondiale ou à la seconde. Mais aujourd’hui le constat est sans appel, l’utilisation du ciment dans le bâti ancien fut une terrible erreur. La chaux et la terre ont une structure microporeuse qui laisse librement passer l’eau liquide ainsi que la vapeur d’eau. Le ciment quant à lui est très fermé à la circulation de l’eau liquide. Nous avons donc étouffé nos bâtiments derrières les enduits étanches et les dalles béton, alors que l’eau, remontant par capillarité du sol, tentait désespérément de se frayer un chemin vers l’extérieur.

80% des problèmes du bâti ancien commencent de ce constat et concernent globalement la gestion du transit de l’eau dans le bâtiment, qui remonte par capillarité, ou s’écoule directement contre le bâti. Les enjeux d’une rénovation réussie commencent dès lors dans l’identification et le traitement des désordres humides de la maison. Vient ensuite le constat structurel de ce que l’excès d’humidité ou l’action des rénovations antérieur ont pu engendrer comme déséquilibre. Vient enfin le traitement, pour revenir à l’équilibre, qui est le préalable indispensable à une occupation sereine des lieux.

Ces étapes, pourtant cruciales, sont bien souvent bafouées dans le processus de rénovation. La majorité des particuliers se laissent séduire par la perspective d’une rénovation simple vendue par un agent immobilier bien souvent aussi peu sachant que l’acheteur lui-même sur ces questions. Et par la suite le maçon nous vendra du béton, le plaquiste nous posera de la laine de verre sur nos enduits ruisselants et le façadier finira le travail avec un bel enduit coupé au ciment. Pour la plupart des bâtiments en pierres, ces opérations ont des effets délétères assez lents sur la structure ; la qualité de l’air intérieur s’en trouve en revanche rapidement impactée avec pour conséquence le développement de moisissures très allergènes notamment chez les plus vulnérables : nos enfants. Sur le bâti en pisé, ces erreurs ont un effet radical à cours et moyen termes allant de la dégradation superficielle du mur à son effondrement. Et comme si tout cela ne suffisait pas, en France, les dégâts liés aux remontées capillaires ne sont pas pris en charge par les compagnies d’assurance. On peut très bien voir sa maison s’écrouler en partie sans n’avoir aucune prise en charge.

Et si au lieu de tout cela on commençait simplement par être bien conseillé ?