Avant toute chose je tiens à faire voler une idée reçue qui est :
» Sur une maison en pierre il faut faire apparaitre la pierre « .
C’est FAUX ! Au risque d’en chagriner quelques uns, un mur en pierre, aussi beau soit il lorsqu’il est mis à nu, n’est pas fait pour rester sans protection, surtout en Rhône-Alpes. A ce titre, je ne pratique pas de joints de pierres en extérieur, sauf sur du galet ou de la pierre dure comme le granit. Je vous voit déjà vous emporter ; » Comment ? Que raconte t’il ce saugrenu ? Quelle hérésie, cacher une si jolie pierre ? « . Explications :
Sur une façade extérieure, l’eau de pluie s’immisce dans toutes les irrégularités de la pierre, pénètre dans les joints, lentement elle va lessiver la pierre, dégrader les joints, maintenir le mur dans un état humide. Comme si cela ne suffisait pas, en hiver, les températures négatives vont transformer l’eau présente dans la pierre en glace, c’est l’effet du gel, cela se traduit par un éclatement de la pierre, soit en surface, soit en profondeur. Votre mur se dégrade de façon irréversible.
La plupart des maisons qui ont des pierres apparentes étaient auparavant enduites, la pierre apparente était comme le parpaing de ciment actuel, tabou, signe que l’on à pas les moyens de se payer un crépis. Même les abris aux milieux des champs étaient enduit ! C’est une mode plutôt récente, celle qui a suivie les peinture rose et verte directement sur la pierre, qui nous vaut les façades en pierres apparentes. Cherchez bien les vieilles maisons avec leur enduit d’origine couleur sable, complètement délavés, et regardez sous la toiture, vous apercevrez peut être les bandeaux en badigeons qui décoraient la façade!
2eme idée reçue : » Un mur en pierre ou en pisé peut se recouvrir d’un crépi standard comme une maison moderne « . NON ! C’est encore FAUX ! Un vieux mur à besoin de RESPIRER, cette notion est fondamentale. Le seul produit révolutionnaire qui permette de protéger un mur de la pluie tout en le laissant respirer est… attention accrochez vous bien : la chaux ! ( découverte il y a 3000 ans ). Il existe des produits tout prêt de Parex-Lanko ou Weber pour ne pas les citer. Mais que mettent ils dans ces sacs vendu à un prix exorbitant ? De la chaux me dit on, en quelle quantité ? On ne sait pas. Avec quels adjuvants ? On ne sait pas non plus. Parfois je vois des façadiers projeter des épaisseurs démentes ( 5 à 10cm ! ) de ces produits sur des murs en pisé, ce qui aura pour effet je le sais bien de se décoller dans 6 mois. La chaux seule ne tiendrait pas sur des couches aussi épaisse, c’est la présence de résine ou de ciment qui fait tenir ces enduits.
La seule valeur sure est de formuler soit même ses enduits : du sable ( de préférence local ), de la chaux, et des adjuvant naturel si besoin ( argile, savon, methyl de cellulose, pouzzolane… ). C’est pour moi le gage du savoir faire qui ne se retrouve pas chez les façades traditionnels, qui sont devenu de simples applicateurs d’une solution toute prête. L’application peu être manuelle ou mécanique, jamais sur des couches excédant 2cm.
Et qu’en est il des vieux enduits ciment que l’on voit encore sur nos façade ? Le ciment est un matériaux qui ne laisse pas migrer la vapeur d’eau, en conséquence il maintient le mur dans un état humide. S’en ressent une gêne pour les habitants, et une dégradation encore plus fulgurante du mur que si il avait été laissé à nu. Vous l’aurez compris, le ciment n’est pas l’ami des murs en pierres, et encore moins du pisé. Sachant qu’il est présent dans la plupart des produits à façade, vous comprenez le non-sens de faire un ravalement avec ces produits.
Comment se passe un ravalement de façade fait dans les règles de l’art alors ?
Dans un premier temps tout enduit étanche doit être dégagé jusqu’a dans les joints, ensuite on réalise une première couche que l’on appelle le renformis, qui vient combler les joints des pierres et recouvrir en partie celle-ci. Ensuite est réalisé un corps d’enduit qui vient dresser le support et protéger le mur, et enfin une finition qui est une couche mince dont le but est de donner un aspect soigné à la façade. Plus l’aspect sera lisse et serré, plus la pluie aura du mal a pénétrer dans le mur. Pour une efficacité parfaite et une meilleure évacuation de l’humidité on réalise souvent en finition un badigeon à la chaux, qui peut être coloré et qui protégera l’enduit de toute usure pendant 15 à 25 ans.
La raison pour laquelle les idées reçue citées plus haut persistent c’est qu’aujourd’hui personne n’a jamais vu le rendu d’un enduit à la chaux ( bon j’exagère, une minorité d’entre vous ). Les qualités esthétiques de la chaux, associé au savoir faire d’un bon artisan valorise énormément une façade, et ne vous feront pas regretter d’avoir opté pour cette solution, bien plus saine et durable.
Pour l’intérieur on est plus libre : un support en pierre ou en pisé ouvre la voie des enduits chaux ou terre en intérieur, qui peuvent aller à des niveaux de finition extrêmement minutieux : enduits taloché fin, lissés à la truelle, badigeons, patines, stucs, fresques. La chaux, au passage, est antibactérienne et contribue donc à assainir l’air. Il est également possible de laisser la pierre apparente en pratiquant des joints à la chaux soignés. Généralement les joints et les enduits se complètent bien en intérieur et permettent de se valoriser mutuellement. Enfin sur des murs bâti à la terre ( mais pas forcément ) l’enduit terre est le compagnon idéal : réparable à volonté, s’associant parfaitement avec le mobilier moderne, régulateur d’humidité, accumulateur de chaleur l’hiver et de fraicheur l’été, il est de plus en plus utilisé avec ou sans fibre pour ces qualités.
J’interviens dans un rayon de 40km autour de Lyon, si tout de fois vous vous trouvez dans la Loire, ou le sud Isère je peux vous donner quelques bonne adresses ( par mail ).