Que dois-je vérifier avant d’acheter ma maison en pisé ?

Ça y est, vous êtes sur le point d’acheter votre future maison, tout les feux sont aux vert, le banquier a desserré les dents pour vous accorder votre crédit, oui seulement… la maison est en pisé…

« Le pisé c’est solide ? D’ailleurs la maison du cousin du frère au voisin, celle qui s’est écroulé, oui et bien elle était pas en pisé ? Si ! Comment ? Les maisons en pisé s’écroulent ? On va chercher sur internet ! » Après avoir entendu tout et son contraire vous vous êtes retrouvé à lire ces lignes. Vous êtes de plus en plus nombreux à me solliciter pour effectuer des diagnostics avant achat de votre future maison. Depuis le temps, je me dis qu’il faut rédiger un petit guide du diagnostic du pisé alors nous y voilà.

Par ou commencer ? Un petit rappel, pour tous ceux qui n’ont pas lu mes précédents articles sur le sujet :  » Le pisé faut que ça respire nom de Diou ! « , à oui, mais pourquoi ?

Les maisons en pisé sont composé en grande partie par des matériaux naturels, à savoir des pierres et de la chaux pour les soubassements ( partie en contact avec le sol ) et de la terre pour le reste ( et je dis bien que de la terre ). Pour faire un mur en pisé, vous sortez la terre qui est sous vos pieds ( 30 à 50cm sous l’herbe tout de même ) vous l’épandez dans un coffrage, vous tassez et ça fait un mur ! Bon, je schématise, mais le concept est là. Dans le pisé ancien, il n’y a pas de ciment, de résine ou autre, ce n’est que de la terre.

« A oui mais ça tient ? »

Evidemment mais sous certaines conditions : La terre est un matériaux incroyablement stable dans le temps si elle conserve un certain taux d’humidité. Contrairement à un ciment, ce n’est pas un matériaux transformé ( qui aspire à se décomposer, cf durée de vie des ciments ). Le liant de la terre est l’argile ( l’eau qu’elle retient en réalité ) mais globalement, l’argile est une matière qui ne tend pas à se décomposer d’avantage. Un mur en terre peut tenir debout des milliers d’années, comme en témoignent certains ouvrages très anciens d’Afrique.

La terre est un matériaux relativement instable en revanche quand ça teneur en eau varie. L’eau est en réalité la première cause d’effondrement du pisé chez nous.

Comprendre la conception des murs en pisé.

Un mur en pisé peut se décomposé en 2 parties principales :

Le soubassement, en pierres ou galets ou briques liés avec un mortier de chaux

et la partie en pisé qui elle est en terre.

Schéma pisé abiterre

Croquis : Pascal Scarato, Abiterre

La chaux résiste très bien à l’humidité, la pierre également, c’est pourquoi ces matériaux sont disposés en fondation et en élévation à partir du sol. Comme vous pouvez vous en douter, la terre, elle, craint l’humidité : versez un verre d’eau sur un morceau de terre sèche, que se passe t’il ? Vous m’avez compris. La partie en pisé doit donc être protégée de l’humidité, mais quelle humidité ?

Celle du sol évidement, un sol est toujours humide. L’eau présente dans le sol demande à migrer vers des endroits secs. C’est ce qui provoques les remontées capillaires, phénomène que l’on peut comparer au sucre que l’on trempe dans le café, ou l’éponge sèche sur une surface humide. Poser un

mur en pisé directement à même le sol reviendrait donc à tremper son carré de sucre dans son café ( j’arrête ici les explications du type école primaire ). Il faut donc protéger le pisé par un matériaux qui frêne les remontées capillaire : le soubassement !

A l’époque le ciment n’existait pas, les résines hydrofuges encore moins, le seul moyen que l’on avait était d’édifier un soubassement avec de la pierre ou brique et un mortier de chaux. La chaux reste un matériaux poreux qui permet les remontées capillaire dans une moindre mesure, en revanche, la chaux ne se dégrade pas au contact de l’humidité ( on ne parle pas ici d’inondations tout de même ).

« Si il y a des remontées capillaire avec de la chaux, ça ne sert à rien de faire un soubassement !  » Allons, comme l’a si bien expliqué un collègue de l’association TERA ( Terre Crue Rhône Alpes ) : Les remontées capillaires c’est quand le mur absorbe plus d’eau qu’il en évacue. » Et oui nous n’avions pas encore abordé l’évacuation de cette humidité ! La chaux, comme la terre d’ailleurs sont des matériaux dit « ouvert » à la diffusion de la vapeur d’eau. L’eau présente dans un mortier de chaux sec, ou dans la terre, peut migrer facilement jusqu’a l’extérieur. En réalité, il y a un cheminement continu d’humidité dans nos mur, depuis le sol, jusqu’a l’air.

La plus grosse erreur dans le bâti ancien est de penser qu’il faut à un stade ou un autre bloquer l’humidité. En effet, lorsque l’on bloque l’humidité on ne fait que créer un accumulation d’eau, et on force celle ci à prendre un chemin que l’on avait pas prévu. Un exemple tout simple :

Une dalle sur un sol en terre plein, phrase mainte fois entendu par des maçons ignorants :

« Oh Ben, j’vous coule une dalle de ciment, et je vous met un poliane en dessous que je fait remonter le long des mur, comme ça pas d’humidité hein ! »

Voilà, vous avez tout faux, pourquoi ? Vous bloquez l’humidité sous votre sol, elle remontera dans vos murs qui sont capillaires. Vous avez saisis ? Allez maintenant je vous fait un palmarès des situation les plus critiques dans l’ordre croissant :

 

[GRAVITE 1] Dalle béton sur sol en terre plein contre un mur en pisé non enduit, ou enduit à la chaux

[GRAVITE 2] Enduit étanche ( ciment, ou ne comprenant qu’une faible part de chaux ) sur l’une des deux faces du mur

[GRAVITE 3] Enduit étanche ( ciment, ou ne comprenant qu’une faible part de chaux ) sur l’une des deux faces du mur et dalle béton sur sol en terre plein

[GRAVITE 4] Enduit étanche ( ciment, ou ne comprenant qu’une faible part de chaux ) sur les deux faces du mur et dalle béton au sol

[GRAVITE 5] Enduit étanche ( ciment, ou ne comprenant qu’une faible part de chaux ) sur les deux faces du mur, dalle béton au sol et soubassement partiellement enterré ( H>30cm )

[GRAVITE 6] Enduit étanche ( ciment, ou ne comprenant qu’une faible part de chaux ) sur les deux faces du mur, dalle béton au sol et soubassement entièrement enterré

[GRAVITE 7] Votre maison s’est écroulée.

Comme je l’ai mentionné les revêtement appliqué au pied du mur ou contre celui-ci ont une importance capitale. Ils doivent a tout prix permettre la libre circulation de l’eau sous ça forme gazeuse, ce que l’on nommera l’humidité en général. La majorité des enduits de façade classique ne

permettent pas ces échange, seuls les enduits 100% à la chaux permettent des transferts acceptable d’humidité vers l’extérieur, seulement peu de façadiers travaillent uniquement à la chaux car cela demande beaucoup de technique et plus de patience qu’un produit tout prêt.

Le deuxième point crucial est la hauteur de soubassement, en effet avec le temps et les travaux sur la voierie ou la nouvelle piscine du voisin, le niveau du sol augmente, et celle du soubassement diminue. Si bien que dans certains cas le soubassement se retrouve sous le niveau du sol. On arrive alors dans des situations critiques ou le pisé va se dégrader rapidement et le risque d’effondrement est réel. C’est en réalité la première chose que vous devrez observer sur votre maison :

Entre 50cm et 1m on est très bien, en dessous de 30cm cela devient préjudiciable sur le long terme, en dessous de 5cm le pisé va se dégrader rapidement et peu s’écrouler dans les 5 à 10 ans.

 

LA STRUCTURE ET LES FORCES

Le pisé ne travaille qu’a la compression ( comme le béton, ce sont les armatures qui travaillent en flexion ) et n’est pas armé. En conséquent il fissure assez facilement sur les efforts de cisaillement : murs qui s’écartent, appuis des poutres. Le bâti ancien bouge, et dans une certaine mesure il ne faut pas s’en inquiéter. En revanche certains désordres peuvent apparaitre avec le temps et mérite d’être corrigés.

FISSURES FAUT IL S’EN INQUIETER ?

Les cas les plus courants :

Fissures verticales :

Partant du bas :

Tassement de fondation, soit lors de l’édification, soit après avoir décaissé trop près des fondations : ( méfiez vous des travaux de voiries, il ne faut en théorie pas décaissé le sol sous une pente de 30° à partir de la semelle de fondation du bâtiment ).

Partant du haut :

Tassement long des fondations ou poussés de charpente, dues à de grandes poutres qui fléchissent et exercent des poussées transversales, ou a une surcharge de la charpente, notamment si les charpentier ont alourdis la structure. Dans tous les cas il faut faire preuve de prudence lorsque l’on enlève un plancher en bois ou une charpente d’un maison en pisé, car ce sont les éléments qui tienne les murs entre eux.

Aux coins des fenêtres :

C’est souvent le cas pour les ouvertures en béton qui sont rigides et n’accompagnent pas le bâtiment dans ses mouvements.

 

Fissures horizontales :

Plus gênante, elle témoignent souvent de poussées trop importantes au niveaux des planchers, c’est souvent le cas lorsqu’un plancher bois est remplacé par une dalle béton qui n’est pas allégée.

Comment puis-je diagnostiquer moi même ma maison ?

La première chose à faire est donc de trouver la fameuse hauteur du soubassement en pierre ou galet, ce sera le premier indice de la santé du bâtiment. Qu’importe si la maison vient d’être recrépie et que les placo sont neuf, je vous déconseille fortement d’acheter une maison en pisé sans voir l’état des murs. Les dégradations les plus courantes se situent dans les premiers centimètre après le soubassement, au début du pisé en sorte. Ces dégradations peuvent être inexistante ou minime, ou au contraire plus gravent :

[GRAVITE 0] Le mur en pisé est sain et sec, il ne présente pas de dégradation particulière et sonne dur quand on le tape au marteau.

[GRAVITE 1] La partie basse du pisé présente une dégradation superficielle, on peu gratter quelques centimètre de pisé qui partent en feuille avant de tomber sur du dur, le mur ne sonne pas creux

[GRAVITE 2] La partie basse du pisé présente une dégradation superficielle sur plus de 5cm, le mur sonne dur après cette couche et le pisé est sec

[GRAVITE 3] La partie basse du pisé est dégradée sur plus de 10cm sur une hauteur n’excédant pas 30cm

[GRAVITE 4] Le pisé apparait très humide, on peut le creuser facilement sans trouver de point dur en son coeur, cette dégradation s’étend sur plus de 30cm de haut.

A savoir : un pisé humide est beaucoup moins résistant, pour les infiltration d’eau il est nécessaire de laisser sécher le pisé avant de procéder à ces examens. Si vous détecter une dégradation avancée ne creusez pas d’avantage et faites appel à un diagnosticien spécialiste du pisé.

 

Voilà vous avez maintenant toutes les cartes en main pour mieux appréhender le pisé et acheter en connaissance de cause.

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