Rebatir un mur en pierre sèche à la Valette…
C’est dans un petit village d’une cinquantaine d’habitants, bordant le parc des Ecrins, que je suis allé me perdre dernièrement. J’y ai rejoint l’équipe de l’association URM ( Université rurale Montagnarde ) chez qui j’ai fait mes premières armes en maçonnerie et restauration du patrimoine. L’idée était donc pour moi d’intervenir en tant qu’animateur technique afin d’encadrer et de transmettre les techniques de maçonnerie en pierre sèche à un groupe de jeunes. Je n’ai malheureusement pu rester que 2 jours sur la semaine que comptait les travaux, mais nous avions déjà pu aborder la plupart des techniques durant ce temps.
Il s’agissait ici d’un mur de soutènement en pierre sèche, à différencier des murs de clôture qui, eux, ont deux parements et ne servent que de délimitation. L’objectif était de reprendre les parties effondrées du vieux mur et de les rebâtir. Simple, sur le papier, mais l’action du temps et des hommes complique un peu la tâche.
En effet, une fois le mur écroulé, la terre ravine derrière, les végétaux s’installent ( souvent les moins sympa comme les ronces ) et les pierres qui ont pu tombé au sol disparaissent, emmenées par des personnes qui en auraient eu besoin.
Autant dire qu’avant d’attaquer la maçonnerie, un gros travail en amont s’impose :
– Décaisser la terre en trop derrière le parement à rebâtir
– Enlever les souches des arbres trop proches
– Dégager les végétaux incrustés dans les parties encore saines du mur
– Approvisionner en pierres pour rebâtir
Pour ce qui est de la préparation du mur, nous avions des bras et ils étaient motivés, autant dire que les jeunes ont abattu un travail impressionnant. En une seule journée presque la totalité de la surface était dégagée.
Pour l’approvisionnement en pierre, nous avons reçu l’aide d’un agriculteur qui avait quelques pierres encombrante dans ses champs. C’est donc avec plaisir qu’il nous en a apporté quelques mètres cubes avec son tracteur.
C’est au deuxième jour que le remontage du mur à été entamé. Nous étions deux professionnels à encadrer ce chantier. Le matin j’aidais à choisir les pierres de bon calibre dans les pierriers, et l’après midi petit remontage du mur avant d’être interrompu par un orage.
Ci-dessus la partie rebâtie par le collègue tailleur de pierre.
Et ci-dessous la partie que j’ai entamée avec quelques jeunes.
Les pierres sont très peu travaillées car très difficile à tailler, d’ailleurs sur le mur d’origine l’aspect est peu soignée car le rôle de ces mur est essentiellement de retenir la terre. Il faut néanmoins veiller à ce que l’appareillage soit correct pour ne pas voir le mur s’effondrer dans quelques décennies.
On essaye régulièrement de créer des lits de pierres droits, on appelle cela une assise, ce qui permet de croiser les joints de pierres et de solidifier l’ouvrage. On évite de poser les pierres avec une pente vers l’extérieur ( le dévers ) pour éviter que le mur ne « gonfle » ou que des pierres se déchaussent.
On dispose derrière les grosses pierres, de petites pierres, ou bien les pierres qui ne sont pas assez jolies pour être disposées en parement. Cela permet de créer un drain naturel qui empêche l’eau de ruissellement de se charger de terre et donc de venir pousser le mur.
Voilà le chantier tel que je l’ai quitté, j’essayerai de me procurer une photo du mur fini.
Chantier réalisé à la Valette, près de Grenoble dans l’Isère.